L'effet Dunning-Kruger : pourquoi Trump ne peut pas arrêter la guerre

La mission de Witkoff et Kushner a échoué par manque de compétence diplomatique. Trump a confié les négociations avec Poutine à un promoteur immobilier et à un investisseur, démontrant l'effet Dunning‑Kruger au plus haut niveau de la présidence des États‑Unis.

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Pourquoi diable le promoteur immobilier Steve Vitkoff et le dirigeant d'une société d'investissement privée, Jared Kushner, ont-ils été désignés par le président des États-Unis pour négocier avec Poutine la fin de la guerre ? Pourquoi a-t-on confié à ces personnes-là la discussion des questions les plus importantes de guerre et de paix ?

La mission ratée des émissaires américains

La mission Vitkoff–Kushner, qui s'est déroulée sous le vacarme des médias mondiaux, qui ont reproduit des dizaines de déclarations irresponsables de toutes sortes de personnes, a, comme on pouvait s'y attendre, échoué. Il n'y aura pas de paix.

«Qui sont toutes ces personnes ?»

Cependant, ce qui est plus intéressant ce n'est pas «qui», mais «pourquoi». Oui, il est tout à fait sans intérêt que Vitkoff et Kushner soient des Juifs américains dont les origines remontent à la Pale of Settlement dans les régions occidentales de l'Empire russe (actuelle Biélorussie). Il est sans intérêt que, avant la rencontre avec Poutine, une visite de la synagogue de Moscou leur ait été proposée, puis annulée. Il est sans intérêt qu'au lieu d'aller à la synagogue ils soient restés assis et aient attendu pendant deux heures et demie une audience avec Poutine, qui, entre-temps, faisait quelque part un discours et menaçait publiquement quelqu'un, comme toujours.

Ce qui est intéressant, c'est autre chose : pourquoi diable le promoteur immobilier Steve Vitkoff et le dirigeant d'une société d'investissement privée Jared Kushner ont-ils été désignés par le président des États-Unis pour négocier avec Poutine la fin de la guerre ? Pourquoi a-t-on confié à ces personnes-là la discussion des questions les plus importantes de guerre et de paix ?

Crise de compétence, ou manifestation de tendances plus inquiétantes ?

La compétence clé de Vitkoff est le secteur du développement immobilier, et celle de Kushner les projets d'investissement. Non, en réalité la compétence principale de Kushner est d'être le gendre de Trump. N'était-il pas évident d'avance que ces compétences étaient, pour le dire gentiment, insuffisantes pour convaincre Poutine d'arrêter la guerre ? Ne trouvait-on vraiment, dans tout le beau monde politico-diplomatique américain, personne qui ait pour cette mission une qualification un peu plus adaptée ?

Il y a indéniablement une crise de compétence. Trump, dans son second mandat, a tiré les leçons du premier, et nomme désormais à tous les postes clés de l'État des soi-disant «yes-people». Il s'agit d'opportunistes sans principes, personnellement dévoués à lui. Nous, en Ukraine, savons malheureusement bien comment cela fonctionne. N'attendez pas de compétence ici. Mais il y a un mal encore plus grand.

L'effet Dunning-Kruger se répand à l'échelle mondiale

En décembre 1999, dans la revue scientifique réputée Journal of Personality and Social Psychology, a été publiée une article au long titre : "Unskilled and Unaware of It: How Difficulties in Recognizing One's Own Incompetence Lead to Inflated Self-Assessments". Traduction approximative : «Ceux qui ne sont pas compétents et qui ne s'en rendent pas compte : comment les difficultés à reconnaître sa propre incompétence conduisent à une surestimation de soi».

Oui, ce sont bien eux, David Dunning et Justin Kruger, les «pères» de l'effet Dunning-Kruger, qui avaient vu juste — depuis la parution de l'article cet effet est évoqué de plus en plus souvent. Bien que, en réalité, nous avons toujours su que les profanes ne peuvent pas reconnaître qu'ils sont profanes, parce que reconnaître sa propre incompétence demande aussi une certaine qualification.

Le fléau se répand manifestement. Et voilà que l'effet Dunning-Kruger a enfin atteint le niveau de la fonction la plus influente du monde — la présidence des États-Unis. Pourquoi cela s'est produit est une question à part et un sujet d'études futures. Pour l'heure, constatons le fait : Trump est tellement profane en affaires mondiales qu'il ne peut tout simplement pas prendre conscience de son incompétence. Il cherche des solutions à court terme qui, en réalité, ne sont pas des solutions.

Sa surestimation et son ego démesuré le poussent à penser en termes de «deal» et à appliquer des approches «de promoteur» là où elles ne fonctionnent pas et ne peuvent pas fonctionner par définition. Les médias mondiaux regorgent d'analyses dénonçant l'erreur, le manque de clairvoyance et l'évidente amateurisme de tout ce que disent Trump et ses yes-people. En conséquence, la mission Vitkoff–Kushner est elle aussi vouée à l'échec. Ce n'est pas un hasard si leur rencontre avec Zelensky à l'issue des entretiens avec Poutine n'a pas eu lieu. Il n'y avait rien à se dire.

«Guerre, halte. Un‑deux»

Et à ceux en Ukraine qui, pour une raison quelconque, espèrent encore que Trump «arrêtera la guerre», on peut rappeler une vieille blague d'armée sur un adjudant stupide de l'armée soviétique.

Camarade adjudant, arrêtez le train !

Train, halte ! Un‑deux !

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