Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a approuvé dimanche la nouvelle Stratégie nationale de sécurité des États-Unis, déclarant qu'elle concorde en grande partie avec la vision russe du monde.
L'éloge du Kremlin
La reconnaissance publique par Moscou de la consonance des positions d'anciens ennemis de la guerre froide souligne à quel point leurs relations se sont resserrées depuis le retour de Trump au pouvoir en début d'année.
Les ajustements que nous constatons, je dirais, concordent pour une large part avec notre vision, et peut‑être pouvons‑nous espérer que cela pourra être une modeste garantie que nous pourrons poursuivre de manière constructive notre travail commun pour trouver un règlement pacifique en Ukraine
– Dmitri Peskov, porte‑parole de Poutine
Dans une interview accordée aux médias locaux, Peskov a déclaré que l'administration Trump se distingue fondamentalement des gouvernements américains précédents, et que le président peut changer l'orientation de la politique étrangère du pays parce qu'il est « fort ».
Ce qui a plu à Moscou
La stratégie a été publiée le 4 décembre. Le document prévoit rien de moins que la refonte de l'ordre géopolitique et reprend les thèses de la « Théorie du grand remplacement » raciste, affirmant que l'Europe fait face à une « érosion civilisationnelle », notamment en raison des migrations.
Les États‑Unis, qui ont été une force interventionniste à l'échelle mondiale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, déplacent leur attention vers l'hémisphère occidental. Peskov a souligné un détail important : le document ne désigne pas la Russie comme un adversaire, contrairement aux versions précédentes.
La stratégie remet également en question la fiabilité de certains pays européens en tant que membres à long terme de l'OTAN. L'alliance a été créée par les États‑Unis et les nations européennes pour contrer l'Union soviétique expansionniste à la fin des années 1940.
L'OTAN et l'expansion
Le document expose l'intention de Washington de se concentrer sur « mettre fin à la perception et prévenir la réalité de l'OTAN comme une alliance en expansion constante ».
Peskov a accueilli prudemment cet aspect du plan, le qualifiant de « plaisant d'une part ». Il a en même temps ajouté :
D'autre part, nous savons que parfois, lorsque tout est conceptuellement bien écrit, ce que l'on appelle l'État profond fait les choses autrement. Cela arrive aussi
– Dmitri Peskov
Le soi‑disant État profond – ennemi rhétorique pour Trump et ses alliés, ainsi que pour d'autres, y compris des pays européens – peut renvoyer autant à une bureaucratie lente qui empêche les responsables élus de mettre en œuvre des changements, qu'à des théories conspirationnistes sur des élites qui contrôleraient prétendument les gouvernements dans l'ombre.
Réaction de l'Europe
Valéri Aïe, présidente du groupe centriste Renew au Parlement européen, a qualifié le document « d'inacceptable et dangereux ». Le ministre des Affaires étrangères allemand Johann Wadephul a déclaré que l'Europe n'a pas besoin de « conseils venus de l'extérieur », tout en qualifiant les États‑Unis de « notre allié le plus important au sein de l'alliance ».
Contexte
Les critiques de l'OTAN soulignent souvent l'expansion de l'alliance vers l'est après la guerre comme une provocation pour Moscou. La question de savoir si Kiev pourra également rejoindre l'OTAN après la fin de la guerre russe contre l'Ukraine reste un point clé de divergence dans les négociations sur un cessez‑le‑feu.
L'alliance, que Trump a publiquement sapée à plusieurs reprises, se bat pour influer sur la médiation américaine dans les négociations de paix entre la Russie et l'Ukraine. L'approbation par le Kremlin de la nouvelle stratégie américaine suscite des inquiétudes quant à l'avenir des relations transatlantiques et à la sécurité en Europe.