Qu'est‑ce qui s'est passé
D'après Kpler et des reportages de Bloomberg, au 17 décembre au moins cinq tankers chargés de pétrole de la qualité Urals étaient à l'arrêt en mer Jaune, soit au total environ 3,4 millions de barils. Le volume dans cette zone a doublé par rapport à la semaine précédente et atteint son niveau le plus élevé depuis plus de cinq ans.
Pourquoi cela s'est‑il produit
La raison principale est la chute des achats par l'Inde, qui avant la guerre était le principal acheteur d'Urals. En partie, il s'agit d'une réaction aux sanctions américaines (y compris les mesures visant Rosneft et Lukoil, entrées en vigueur le 21 novembre) et à la vigilance accrue des partenaires concernant le commerce des hydrocarbures avec la Russie.
« L'accumulation d'Urals près de la Chine est une situation unique qui a attiré l'attention des traders pétroliers du monde entier, car les raffineries chinoises ne sont pas des acheteurs typiques de ce grade. »
— Bloomberg
En raison d'une demande limitée, les vendeurs cherchent des marchés alternatifs dans toute l'Asie de l'Est, ce qui fait monter les tarifs de fret des supertankers et modifie la logistique des livraisons.
« Au 17 décembre, au moins cinq navires se trouvaient à l'arrêt en mer Jaune, transportant environ 3,4 millions de barils »
— Kpler (données)
Conséquences pour la Russie et le marché
Premièrement, la baisse de la demande et l'excès de tankers renforcent les décotes sur l'Urals — il a déjà été signalé que le prix moyen du brut russe est tombé autour de 40 $ le baril pour les lots en provenance de la Baltique, de la mer Noire et du port de Kozmino.
Deuxièmement, la chute des achats contribue à la réduction des recettes d'exportation de Moscou. Comme l'a souligné le président ukrainien le 12 novembre, les sanctions et les frappes visant la logistique peuvent réduire sensiblement les revenus de la Russie en 2025.
« La Russie pourrait perdre au moins 37 milliards de dollars de recettes pétrolières et gazières en 2025 en raison des sanctions et des frappes ukrainiennes à longue portée. »
— Volodymyr Zelensky, président de l'Ukraine (12 novembre)
Troisièmement, pour le marché mondial, cela implique un réajustement des routes et une volatilité accrue des tarifs de fret. Les maisons de commerce et les raffineries de la région devront équilibrer offres attractives et risques de sanctions réglementaires et réputationnelles.
Ce que cela signifie pour l'Ukraine
La pression des sanctions et les restrictions de marché sur le pétrole russe portent leurs effets — les chiffres et l'accumulation de tankers en témoignent. Il reste toutefois crucial de surveiller les voies possibles de contournement des sanctions et les nouveaux itinéraires d'achat d'hydrocarbures : leur blocage transformerait un effet temporaire en une baisse durable des revenus de l'agresseur.
En bref : il ne s'agit pas d'un incident isolé, mais d'une composante d'un réajustement plus large dans le commerce de l'énergie après les sanctions. La semaine prochaine dira si l'excès de tankers restera un phénomène temporaire ou s'il se muera en un problème systémique pour les recettes russes.