Qu'est-ce que le trumpisme et est-ce une idéologie
C'est ainsi qu'on a commencé à appeler l'idéologie politique de Trump et de ses « partisans durs » déjà lors de sa première campagne présidentielle. Après son arrivée au pouvoir, et surtout au cours d'un second mandat, cette idéologie s'est matérialisée par des changements importants dans la pratique de la gouvernance, dans la politique intérieure et extérieure, et même dans l'aménagement « style blé » du Bureau ovale.
Nous nous souvenons que, par le passé, les idéologies totalitaires (national-socialisme, marxisme-léninisme, maoïsme), lorsqu'elles sont devenues la base de la politique d'État, ont aussi commencé à imprégner tout ce qu'elles pouvaient atteindre — y compris des domaines apparemment éloignés de la politique, comme l'esthétique, la culture, l'art et l'architecture.
Mais le trumpisme est-il une idéologie ? À bien des égards, il « n'atteint pas » le statut d'idéologie classique. Le trumpisme ne dispose pas d'une base intellectuelle élaborée et ne repose pas sur des ouvrages fondateurs. Bien sûr, Trump est l'auteur de plusieurs livres, y compris le best-seller assez connu The Art of the Deal (1987), écrit en collaboration avec le journaliste Tony Schwartz. Mais ce n'est certainement pas Das Kapital ni Mein Kampf…
Le trumpisme n'est pas un système d'idées, de valeurs et de convictions. Il n'explique pas le monde, il ne forge pas une vision. Autrement dit, les trumpistes font semblant d'en avoir une et de disposer d'un programme d'action — mais en réalité il n'y a rien de tel.
Un agrégat de différents éléments idéologiques
Pour l'instant, le trumpisme ressemble à une bouillie brute et « pas assez cuite », parfois même brûlée, composée de différents ingrédients tels que :
- « Prétendument de droite » populisme : opposition des « gens simples » (classe ouvrière) aux élites corrompues (juridiques, financières et créatives), bien que, en réalité, ce populisme sente fortement le gauchisme;
- Néo-nationalisme : priorité des intérêts nationaux (« America First ») sur les engagements internationaux et le mondialisme.
- Protectionnisme économique : interventions de l'État, focalisation sur les tarifs et les restrictions commerciales pour protéger la production nationale et les emplois.
- Antiglobalisme et isolationnisme : scepticisme à l'égard des institutions internationales, des phénomènes et des processus globaux;
- Tendances autoritaires : concentration du pouvoir, affaiblissement des institutions démocratiques et des systèmes de freins et contrepoids.
Des styles politiques douteux
Ajoutons à cela certains éléments du style politique propres aux trumpistes :
- Culte de la personnalité : on est encore loin des propos présentant Trump comme le « grand chef du peuple américain », mais dans l'univers MAGA existe une tendance marquée, au minimum à une « acceptation sans critique » de tout ce que Trump fait et dit;
- Rhétorique agressive, qui mise sur le registre émotionnel plutôt que rationnel : désigner des ennemis, « galvaniser » l'électorat, polariser la société.
- Démagogie : Trump lui-même et ses partisans MAGA jonglent avec des chiffres et des faits peu fiables, et tiennent en général des propos étranges qui, pour de nombreux politiciens, notamment européens, sonnent tout simplement comme de la folie.
- La nomination de personnes peu compétentes, mais loyalement dévouées personnellement, à des postes importants.
Nous avons une bouillie d'éléments idéologiques divers, assaisonnée d'un style politique douteux. On pourrait croire que rien de sérieux : une idéologie ersatz, une simulation d'enseignement politique. Pourtant, le trumpisme est devenu un facteur important qui influence les affaires mondiales, la géopolitique et la géoéconomie. Et pour des raisons compréhensibles, aujourd'hui, beaucoup dépend des trumpistes quant à la réussite de la résistance ukrainienne face à l'agression de Moscou.
Nous continuerons d'examiner les « sources et composantes » du trumpisme dans les prochaines publications.
