Selon l'experte, dans le paysage informationnel ukrainien se répand une lecture erronée des messages du Palais de l'Élysée. Macron ne parlait pas de «préparation» au sens classique, mais de la nécessité pour l'Europe d'être un acteur à part entière dans le processus de négociation.
«Nous, Européens, avec les Ukrainiens, devons réfléchir à un format de dialogue avec la Russie qui soit acceptable pour nous et pour l'Ukraine — pourquoi les Américains communiquent-ils avec la Russie, et nous [les Européens] non ?»
— Emmanuel Macron (citation selon Oksana Melnychuk)
Langage élitaire et contexte réel
Oksana Melnychuk explique que la manière spécifique de s'exprimer du président français provoque souvent des malentendus, même en France. Toutefois, au cœur de sa déclaration se trouve une crainte pragmatique : l'Europe ne peut rester en retrait pendant que Washington mène des négociations à son insu.
«Macron parlait dans le contexte où des négociations sans l'Europe n'ont pas de sens. Si les États-Unis dialoguent avec Poutine, il faut trouver un format acceptable pour les Européens et les Ukrainiens. Sinon, cela revient à ce que les Américains concluent des accords puis nous mettent devant le fait accompli», — souligne la correspondante.
Guerre hybride : les actes comptent plus que les paroles
Oksana Melnychuk met en garde contre l'interprétation des déclarations publiques comme des décisions toutes faites. Dans les réalités actuelles, la vraie diplomatie se déroule à huis clos, et les interventions médiatiques font partie d'une stratégie hybride.
«Connaissant toute cette « cuisine » française, je ne me hâterais pas de conclure que Macron fait marche arrière. N'oublions pas que nous sommes dans une guerre hybride, et les déclarations publiques en font partie. Les véritables décisions ne sont plus annoncées aujourd'hui. Suivez les actions, pas les déclarations tonitruantes sorties de leur contexte»
— Oksana Melnychuk, correspondante spéciale de RazomUA en France
Ainsi, le message principal de Paris aujourd'hui est un appel à la solidarité et à empêcher un scénario où le sort de l'Ukraine et de l'Europe serait décidé sans leur participation directe.