Ce qu'a décidé le tribunal
La cour d'appel de Kiev a rejeté les recours de la défense et confirmé la condamnation par contumace de Viktor Ianoukovitch — 15 ans de prison pour organisation du passage illégal de personnes à travers la frontière d'État de l'Ukraine et incitation à la désertion.
Cette condamnation s'ajoute à la précédente — 13 ans pour haute trahison et complicité apportée à la Russie dans la conduite d'une guerre d'agression (condamnation de 2019). Ensemble, ces décisions dressent le tableau juridique de la responsabilité de l'ancien dirigeant du régime de 2010–2014.
Itinéraire de la fuite et preuves
Le Bureau du procureur général a exposé le trajet détaillé et l'implication des militaires et des services spéciaux russes dans l'évacuation de Ianoukovitch et de son entourage. Selon le parquet, le vol s'est effectué en dehors des points de passage et avec la participation de l'aviation russe.
"Le vol a été effectué en dehors des points de passage à travers la frontière d'État pour les liaisons aériennes. Les condamnés sont partis à bord de trois hélicoptères militaires russes aux commandes d'un pilote des Forces armées de la Fédération de Russie, depuis les environs du village d'Urzouf, dans le raïon de Mangouch de l'oblast de Donetsk, vers un aérodrome militaire de la ville de Yeysk (RF). Par la suite, l'itinéraire a traversé la ville d'Anapa, puis, à bord d'un avion de transport militaire mis à disposition par les Forces armées de la Fédération de Russie, jusqu'à l'aérodrome militaire 'Hvardiyske' sur le territoire de la République autonome de Crimée"
— Le Bureau du procureur général
Par ailleurs, le parquet a établi qu'une partie de la garde est partie par voie maritime de Sébastopol vers la Russie et n'est plus revenue au service, et que les déplacements de Ianoukovitch ont été accompagnés par des agents du Service fédéral de protection et des militaires du District militaire du Sud de la Fédération de Russie.
Qui d'autre a été condamné
Pour l'organisation du passage illégal et l'incitation à la désertion, le tribunal a également infligé une peine à l'ancien adjoint du chef de l'Administration de la protection de l'État — Kostiantyn Kobzar. Cela souligne que la responsabilité concerne non seulement le politique, mais aussi une partie de l'appareil qui a mis en œuvre la fuite.
Pourquoi c'est important
Premièrement, la décision du tribunal renforce la position juridique de l'Ukraine devant les instances internationales et renforce les éléments de preuve concernant le rôle de la Russie dans les événements clés de 2014.
Deuxièmement, c'est un signal que la collaboration avec l'agresseur entraîne des conséquences juridiques même des années après — un précédent important pour les enquêtes et la politique de sanctions des partenaires.
Les analystes et le milieu juridique soulignent : de telles décisions augmentent la confiance dans le système judiciaire ukrainien et renforcent la position de l'Ukraine en matière de rétablissement de la justice.
Conséquences et prochaines étapes
Après la confirmation de la condamnation, la question passe au plan de la mise en œuvre pratique : l'extradition est impossible, si bien que la peine a davantage une portée symbolique et probatoire dans les procédures internationales et pour les mécanismes de sanctions.
Contexte : en septembre 2025, la Cour de l'UE a rejeté la tentative de Ianoukovitch d'annuler les sanctions européennes, ce qui consacre une fois de plus les restrictions juridiques à long terme pour l'ex-chef de l'État.
Conclusion
Cette décision n'est pas la dernière goutte dans la mer de la responsabilité juridique, mais un pas important en avant : elle consacre le rôle du Kremlin dans la fuite de 2014 et renforce les éléments pour de futures démarches internationales. On attend désormais des conséquences pratiques des arguments juridiques dans le domaine des sanctions, des risques réputationnels pour les complices et de la clarté historique.
"En conséquence, une partie des employés de la garde d'État, avec lui, est partie par voie maritime de Sébastopol vers la Fédération de Russie et n'est pas revenue au service militaire"
— Le Bureau du procureur général