Les murailles de serpent – un mystère de l'histoire chronologique de l'Ukraine-Rus'

Sur le territoire de l'Ukraine se trouve un monument ancien mystérieux – les Murailles de Zmiïv. C'est un vaste complexe de constructions en terre, dont la longueur totale est d'environ 950 km (selon d'autres sources, jusqu'à 2000 km). Elles sont regroupées en neuf lignes de défense. Bien qu'elles aient été considérablement détruites au fil des siècles en raison de l'activité humaine, elles impressionnent encore par l'ampleur des travaux de terrassement, sans équivalent dans le monde, et conservent de nombreux secrets.

Les Murailles de Zmiïv sur la rive droite de la région de Kiev constituent le plus grand système de fortifications. Près de Bilohorodka s'étend une partie connue sous le nom de ligne de remblais Vitïansky-Bobrynski. Ces remblais atteignent encore 15 mètres de hauteur et représentent des constructions solides – des terrasses en terre, dont la base est constituée de troncs d'arbres épais servant de cadre de soutien sur toute la longueur de ces structures. Il est évident qu'il y avait des murs en bois défensifs sur les remblais, et toute la construction, au moment de sa création, ressemblait à un fragment du rempart de Kiev, reconstruit lors de la restauration de la Porte d'Or dans les années 80. Devant les remblais se trouvait un fossé de plusieurs mètres de profondeur, d'où, apparemment, la terre a été extraite pour la construction.

Questions sans réponses

Lors des fouilles près des remblais, des fragments de céramique et même une hache de l'époque princière ont été découverts. Cependant, malgré ces trouvailles, et une certaine similitude de la construction avec les fortifications connues de l'époque de la Rus', certaines circonstances indiquent que les Murailles de Zmiïv pourraient être beaucoup plus anciennes :

• Pourquoi ces remblais ne sont-ils mentionnés dans les chroniques que dans le contexte d'événements qui s'y sont déroulés, sans aucune mention de qui et quand les a construits ? En effet, des travaux d'une telle ampleur n'auraient pas échappé à l'attention des chroniqueurs. Cela signifie que, à l'époque princière, les remblais existaient déjà.
• Tout ce que nous savons sur les fortifications de l'époque de la Rus' concerne les défenses de villages et de forteresses. L'ampleur des travaux par rapport aux Murailles de Zmiïv est tout simplement incomparable. Les Murailles de Zmiïv sont gigantesques. Elles s'étendent sur des dizaines de kilomètres, souvent parallèles les unes aux autres, et forment un véritable labyrinthe sur une vaste zone – il est peu probable qu'une telle construction à grande échelle ait pu être réalisée par les anciens Rus.
• L'analyse radiocarbone des restes de troncs de l'ossature en bois, réalisée au début des années 70 à l'initiative du célèbre chercheur des remblais, A.S. Bougay, a montré une datation du IIe au VIIe siècle après J.-C. Cette datation pourrait indiquer l'époque gothique, lorsque dans la région du Dnipro existait un grand et puissant État féodal précoce des Goths, qu'ils appelaient Oïoum (en gothique – le pays des rivières, ou de l'eau). Ou bien une union proto-slave des Antes (culture de Penkov) – bien que nous ne sachions rien sur des constructions de cette ampleur à cette époque.
• Certains chercheurs estiment que la construction des remblais a été commencée par les Scythes à l'époque antique, mais il n'existe aucune preuve fiable à cet égard – bien que partiellement, le système de remblais utilise d'anciens remblais de forteresses de l'époque scythe.

Légendes, hypothèses, faits

Selon les légendes, il y avait autrefois un terrible serpent qui ne laissait pas les gens en paix, jusqu'à ce que le fort homme Mykyta Kozhumyaka (dans une autre version – les saints Kozma et Damian) ne vainque le serpent et ne l'attelle pour labourer de vastes sillons, et la terre du soc a justement formé ces remblais. Peut-être que cette légende est un écho d'un réel danger venant des steppes.

Les chercheurs s'accordent à dire que le labyrinthe des anciens remblais constituait un certain obstacle sur le chemin des invasions des nomades se dirigeant vers Kiev. Mais le simple fait qu'une structure fortifiée aussi colossale protégeait Kiev dans les temps anciens peut indiquer ce qui suit :

• À cette époque, sur le territoire de l'Ukraine moderne, il existait déjà une puissante entité étatique capable de planifier, d'organiser et de réaliser des travaux d'une telle ampleur ;
• Kiev était alors déjà une grande et très importante ville, probablement la capitale de cette entité – et c'est précisément pour protéger cette capitale qu'un tel système de fortifications a été érigé.

Ces conclusions ne s'inscrivent pas dans le système établi de nos connaissances sur le passé préchronique de l'Ukraine – et ce n'est pas surprenant, surtout compte tenu du fait que notre histoire a été écrite principalement par ceux qui avaient intérêt à cacher la vérité, à déformer ou à passer sous silence des faits, et à minimiser l'importance du patrimoine culturel et historique ukrainien. Mais les faits, comme on le sait, sont têtus. Par exemple, le fait que lorsque Vikentiy Khvoyka a commencé (comme nous le comprenons maintenant très fragmentairement) des recherches archéologiques à Kiev à la fin du XIXe siècle, le nombre de pièces de monnaie romaines trouvées sur le territoire de la ville était tout simplement incroyable. À l'époque de la fin de l'Antiquité, c'était déjà une grande ville.

Ainsi, Kiev n'a pas été fondée en 482 après J.-C. (une date totalement non confirmée, inventée à l'époque de la fin de l'URSS pour célébrer le "1500e anniversaire de Kiev"), mais beaucoup plus tôt. Oui, c'était une ville majestueuse et très importante, le centre d'un puissant État, pour la défense fiable duquel les Murailles de Zmiïv ont été érigées.

Un musée des Murailles de Zmiïv est nécessaire

Il est peut-être temps de réfléchir à des recherches sérieuses sur les Murailles de Zmiïv dans le contexte d'une étude systématique de l'histoire préchronique de l'Ukraine-Rus – en utilisant des méthodes modernes et des approches interdisciplinaires. Et à la création d'un musée, où serait démontré un profil complet d'un fragment de rempart, décrite la structure, les matériaux et les constructions, présentés les résultats de datation, etc. Tout cela devrait être montré aux Ukrainiens, qui, à leur grand regret, connaissent peu l'histoire de leur propre peuple, et aux étrangers, qui en savent encore moins.

Où devrait se trouver un tel musée ? Évidemment, près de Kiev, dans une zone facilement accessible par les transports. Il est tout à fait logique qu'il soit situé dans la communauté de Bilohorodka.