Une rencontre a eu lieu avec des étudiants et Věra Dubachová — réalisatrice, journaliste, bénévole et ancienne députée — à l'école de la ville de Nitra, en Slovaquie.
Sur le chemin historique vers la liberté
Nous avons parlé de l'essentiel. Du chemin historique de la Slovaquie et de l'Ukraine : la révolution étudiante de 1989, le chemin slovaque vers la liberté, les parallèles avec la dissolution de l'URSS, l'influence russe sur l'Ukraine, les Maïdan de 2004 et 2014, l'annexion de la Crimée et l'invasion à grande échelle de 2022.
Nous avons expliqué aux étudiants que la liberté et la volonté pour les Ukrainiens ne sont pas une abstraction, mais une lutte quotidienne. Et tant que l'Ukraine tient bon et résiste à l'agresseur, la Slovaquie préservera également sa liberté. Les étudiants se sont volontiers joints à la « révolution à la craie » — un geste symbolique de solidarité.
Dans le contexte de l'influence de la propagande russe sur les décisions politiques, une thèse honnête a été énoncée :
«Qui est le manipulateur ? — Poutine.
Qui s'incline devant Fico ? — Poutine».
Věra a ensuite eu une conversation vivante avec les étudiants — partageant des réflexions sur l'avenir, la responsabilité et les valeurs européennes.

La voix d'un étudiant qui a ébranlé la salle
La déclaration émotionnelle d'un des étudiants a le plus marqué :
„Ja som ešte v rodine zažil komunizmus, a práve preto nechcem, aby sa politika vnímala susedským spôsobom: keď suseda volí niečo, tak aj ja budem voliť to isté. Aj babke som povedal: ja ťa nenútim voliť Progresívne Slovensko ani nevoliť Fica — ja len prosím, aby si si overovala informácie."
«J'ai encore vécu les temps communistes dans ma famille, et c'est pourquoi je ne veux pas que la politique soit perçue "selon le principe du voisinage" : si ma voisine vote pour quelque chose, alors je voterai aussi pour cela. J'ai dit à ma grand-mère : je ne te force pas à voter pour le Parti progressiste slovaque ni à ne pas voter pour Fico — je te demande juste de vérifier les informations».
„Babka hovorí: Ja vidím v televízii, čo robia. A ja na to: dobre, a čo si videla za komunizmu? Tiež iba jednu stranu, jeden propagandistický kanál."
«Ma grand-mère dit : "Je vois à la télévision ce qu'ils font". Et je réponds : d'accord, mais qu'as-tu vu pendant le communisme ? Une seule partie, une seule chaîne de propagande».
„Teraz už má telefón, a ja jej vysvetľujem: otvor si Facebook, pozri si aj druhú stranu, porovnaj, rozmýšľaj, urob si vlastný názor — čo je pre teba dobré a čo zlé."
«Maintenant, elle a un téléphone, et je lui explique : ouvre Facebook, regarde aussi l'autre point de vue, compare, réfléchis, fais ta propre opinion — ce qui est bon pour toi et ce qui est mauvais».
„Lebo keď Fico vystúpi a povie, že Progresívne Slovensko chce legalizovať marihuanu alebo 'zaviesť do ústavy 150 pohlaví', je to len manipulácia. On sám seba stavia do smiešneho svetla, keď zakotví v zákone niečo, čo vôbec nedá zmysel."
«Parce que lorsque Fico sort et dit que le Parti progressiste slovaque veut légaliser le cannabis ou "inscrire 150 genres dans la Constitution" — c'est juste de la manipulation. Il se met lui-même dans une lumière ridicule en inscrivant dans la loi des choses qui n'ont aucun sens».
„A ja študentom aj doma babke opakujem jedno: netreba ľudí presviedčať, aby prešli do nášho tábora. Treba ich učiť vytvárať si vlastný názor. To je základ demokracie a slobody."
«Et je répète aux étudiants et à ma grand-mère une chose : il ne faut pas convaincre les gens de rejoindre "notre camp", mais les enseigner à former leur propre opinion. C'est la base de la démocratie et de la liberté».

La guerre est déjà ici
Věra Dubachová a poursuivi :
„A teraz k tomu hlavnému. Vojna je. A ohrozuje každého jedného z vás. Moja sestra tri roky hovorila: Nehovor mi o vojne. A teraz hovorí: Ona sa približuje. Poliaci sa ozbrojujú. Ak zaútočia na Litvu alebo Lotyšsko — bude v tom celá EÚ a NATO. Tá vojna už nie je ďaleko. Ona je tu.»
«Et maintenant, sur l'essentiel. La guerre est là. Elle menace chacun d'entre vous. Ma sœur a dit pendant trois ans : "Ne me parle pas de guerre". Et maintenant elle dit : "Elle se rapproche". Les Polonais s'armement. Si une attaque a lieu contre la Lituanie ou la Lettonie — toute l'UE et l'OTAN seront impliquées. Cette guerre n'est plus loin. Elle est ici».
Le devoir de sortir dans les rues
Un étudiant :
„A čo sa týka námestí — nechápem, prečo je tam tak málo mladých. Váš hlas nie je len papier, ktorý hodíte do volebnej urny. Ak s niečím nesúhlasíte — je to vaša povinnosť ísť na námestie a povedať to nahlas. Inak sa nič nezmení.»
«Et en ce qui concerne les places. Je ne comprends pas pourquoi il y a si peu de jeunes là-bas. Votre voix n'est pas juste un papier que vous mettez dans l'urne. Si vous n'êtes pas d'accord avec quelque chose — c'est votre devoir d'aller sur la place et de le dire haut et fort. Sinon, rien ne changera».
„Národ si zvolil túto vládu. Ale tí, ktorí volili opozíciu, majú povinnosť vyjadriť svoj nesúhlas. Teraz je to ešte ľahké — jednoducho prísť a postaviť sa za svoju slobodu.»
«Le peuple a élu ce gouvernement. Mais ceux qui ont voté pour l'opposition ont le devoir d'exprimer leur désaccord. Maintenant, c'est encore facile — il suffit de venir et de défendre votre liberté».
„Ale ak raz voľby prestanú byť demokratické a polícia začne biť protestujúcich, ako počas Sviečkovej demonštrácie — bude nás tam ešte menej. A potom sa už nedá zmeniť vôbec nič.»
«Mais si un jour les élections cessent d'être démocratiques et que la police commence à frapper les manifestants, comme lors de la manifestation de la bougie — nous serons encore moins nombreux là-bas. Et alors, il ne sera plus possible de changer quoi que ce soit».
La douleur d'un enseignant
Une éducatrice a partagé :
„Včera som išla na protest a oproti mne išiel prúd mladých — smerom do obchodného centra Centro Nitra. Neviem, či je sloboda vôbec témou, ktorá ich zaujíma. Oni slobodu majú, ale nechápu, že je to len zatiaľ. My si pamätáme, ako to bolo. Oni nie.»
«Hier, je suis allée à la manifestation, et en face de moi passait un flot de jeunes — en direction du centre commercial "Centro Nitra". Je ne sais pas si la liberté est vraiment un sujet qui les intéresse. Ils ont la liberté, mais ils ne comprennent pas que c'est seulement pour l'instant. Nous nous souvenons de comment c'était. Eux, non».
„Preto bolo na námestí tak veľa ľudí v mojom veku. A keď som videla aspoň pár mladších — bola som šťastná. Obe moje deti tam boli so mnou. Ale bolelo ma, keď som videla iných mladých, ako len prechádzajú okolo, pozrú sa na nás a idú ďalej… To bolí.»
«C'est pourquoi il y avait tant de gens de mon âge sur la place. Et quand j'ai vu au moins quelques jeunes — j'étais heureuse. Mes deux enfants étaient là avec moi. Mais ça fait mal de voir d'autres jeunes passer simplement, nous regarder et continuer leur chemin… Ça fait mal».
Nous comprenons tous de la même manière : une paix durable n'est possible que si elle repose sur les normes du droit international et la liberté des citoyens.
Nous remercions sincèrement la Slovaquie et tous les étudiants pour leur soutien à l'Ukraine depuis le premier jour de l'agression russe à grande échelle. Nous sommes reconnaissants pour l'intérêt sincère porté à l'Ukraine par la jeunesse et le peuple slovaques.
