Il est connu que les hydronymes, c'est-à-dire les noms de rivières et de lacs, sont souvent très anciens. Leur origine et surtout leur signification sont parfois impossibles à établir, car il n'y a plus de traces des peuples qui vivaient autrefois sur ces rives. Mais le nom est resté. Le nom "Irpin" en est un bel exemple. Il existe plusieurs versions sur l'origine du nom de la rivière Irpin, mais aucune d'entre elles ne peut être considérée comme satisfaisante.
Versions slaves
1. Vieil-slave : РЪПЕНЬ, РЪП – "fosse"
La rivière Irpin ne ressemble pas à une fosse. De plus, les anciens, dont la vie dépendait souvent directement des rivières et qui avaient une conscience mythologique, aimaient leurs rivières et leur donnaient des noms plus respectables.
2. Polonais : RUPA – "fosse remplie d'eau"
La même racine. Ainsi, après le "Pacte éternel", c'est-à-dire le partage de l'Ukraine entre la Pologne et la Moscovie en 1686, c'est justement par l'Irpin que passait la frontière. Mais le nom Irpin est mentionné dans des sources beaucoup plus anciennes – par exemple, dans des sources anciennes russes. Et en général, les hydronymes purement polonais en Ukraine sont pratiquement inexistants. Encore une fois, a) Irpin ne ressemble pas à une fosse, et b) les noms des plans d'eau sont généralement très anciens.
3. Mythologique : "Pirna" (du dieu Perun)
La conscience mythologique de nos ancêtres liait clairement les noms des divinités à leurs "domaines de responsabilité" respectifs. Notre ancien panthéon était assez "spécialisé". Perun – c'est le ciel, l'orage, puis – la guerre et les guerriers. Il est peu probable qu'une petite rivière ait été nommée d'après Perun. Et en général, nous n'avons pas de rivières nommées d'après Rod, Svarog, Triglav, Radogast, Dajbog, etc. Cela ne se faisait pas.
Versions étrangères
1. Vieil-anglais : "Ierfenn" – "terre marécageuse"
Nous savons seulement que les Angles vivaient autrefois sur la péninsule du Jutland, d'où ils se sont déplacés vers l'Angleterre moderne aux Ve-VIe siècles de notre ère. Il n'existe pas de preuves fiables que les Angles aient un jour vécu sur le territoire de Kiev, bien qu'il y ait des études à ce sujet. De plus, Irpin dans l'Antiquité n'était pas une "terre marécageuse". Le niveau de la nappe phréatique dans la vallée de l'Irpin était beaucoup plus bas avant la construction du barrage de la centrale hydroélectrique de Kiev.
2. Tatar : Osot, bodak en tatar – "irpa"
Nommer une rivière d'après le nom d'une plante est une pratique assez rare. Ainsi, il existe une Green River dans le Montana, aux États-Unis, que les Shoshones appelaient Ka’na (racine amère, ou Lewisia – cette fleur est le symbole de l'État). Mais en général, l'étymologie "florale" des hydronymes est peu connue. De plus, pour transmettre aux descendants le nom d'une rivière, il faut vivre très longtemps sur ses rives. L'apparition épisodique de Tatars ou même de Polovtsiens qui connaissaient le mot "irpa" près d'Irpin ne pouvait pas se fixer dans le nom de la rivière. Cela ne se passe pas comme ça.
Il faut creuser plus profondément
Si les hydronymes sont très anciens, et que le nom "Irpin" doit être reconnu comme incompréhensible, alors il est également très ancien et provient d'une langue ancienne, aujourd'hui perdue. Quels peuples ont pu vivre sur les rives de l'Irpin, disons, il y a 25-30 siècles ? Quelle langue parlaient-ils ? Car cette terre n'était pas déserte. La région de Kiev est un territoire de peuplement continu dans une perspective historique raisonnable.
Il est évident que l'on peut se tourner vers l'aire linguistique proto-indo-européenne, à laquelle appartient la région de Kiev, et voir quelle empreinte a laissée l'ancienne population indo-européenne dans d'autres conditions et lieux historiques où leur héritage linguistique a pu être enregistré. Car dans nos sources, beaucoup plus tardives, il n'y a tout simplement pas de mentions d'eux.
Par exemple, dans le sud de l'Italie vivait une tribu appelée hirpini (gîrpîni), assimilée par les Romains il y a environ deux mille ans. Selon les traditions hirpines, ce peuple s'est déplacé dans le sud de l'Italie depuis le lointain nord, et un totem tribal – le loup, en langue hirpini – était leur guide sur ce long chemin, "hirp" (gîrp). C'est un mot très ancien d'origine proto-indo-européenne. Il est tout à fait possible que la clé pour déchiffrer le nom "Irpin" se trouve dans les racines de la famille linguistique indo-européenne.
Pour les Scythes et les Sarmates, ces peuples indo-européens dont nous voyons les traces dans la région de Kiev, le nom de la rivière à partir du mot "gîrp" était peut-être compréhensible, ou peut-être pas, comme, par exemple, le gothique est incompréhensible pour les Allemands modernes. Au fait, en persan, "loup" se dit garg, et l'écho du mot "gîrp" y est perceptible – car le persan, ou la langue persane, a un lien direct avec les racines proto-indo-européennes (indo-iraniennes).
Il est tout à fait probable que le nom "Irpin" provienne de la racine proto-indo-européenne "gîrp", qui signifiait "loup". D'ailleurs, les hydronymes "loup" sont assez répandus en Ukraine et dans le monde.
Sur la carte : les aires de répartition des tribus de l'ancien Samnium dans le sud de l'Italie, où l'on peut voir les localités où vivaient les mêmes hirpini (Calabre moderne).
